
Les restes de serpents sont abondants dans le registre fossile du Cénozoïque européen et sont connus dans de nombreuses localités à travers le continent. Les fossiles de serpents se composent principalement de vertèbres isolées et, dans une moindre mesure, de restes crâniens incomplets ; cependant, dans quelques cas, des squelettes entièrement articulés et même des portions momifiées du tronc ont également été découverts. Leur registre fossile en Europe témoigne d’une grande diversité taxonomique au cours du Cénozoïque, comprenant plusieurs dizaines d’espèces nommées et présentant une multitude de formes et de tailles distinctes. Le registre fossile des serpents du Cénozoïque européen, qui remonte au Paléocène et couvre une grande distribution géographique, fournit des informations précieuses sur les principaux événements climatiques, les dispersions, les renouvellements fauniques et les extinctions qui ont façonné les faunes européennes du Cénozoïque, conduisant en fin de compte à l’émergence de nombreux taxons actuels. Malgré plus de deux siècles de recherches paléontologiques sur les serpents du Cénozoïque européen et les progrès récents dans notre compréhension de la morphologie crânienne et vertébrale des serpents actuels, des lacunes significatives subsistent. En effet, de nombreux taxons restent à décrire de manière adéquate et les relations phylogénétiques de plusieurs d’entre eux demeurent mal comprises, ce qui limite notre compréhension de l’évolution des serpents au Cénozoïque européen. Les articles de ce numéro spécial visent à combler certaines de ces lacunes en proposant, entre autres, des descriptions de nouveaux taxons de serpents, une redocumentation de spécimens types décrits il y a plus d’un siècle, l’identification de nouvelles caractéristiques anatomiques du crâne et des vertèbres, des études de squelettes articulés provenant de localités à conservation exceptionnelle enrichies par l’application de la micro-tomographie par rayons X (μCT), la documentation de nouvelles occurrences fossiles de serpents dans des régions d’Europe encore peu explorées, ainsi que des études sur la paléobiogéographie, les événements de dispersion et d’extinction.