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						Zoosystema
			47 (27)			- Pages 619-689Situé au triple point de frontière entre la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Liberia, le mont Nimba est fortement isolé suite aux changements climatiques et de végétation le long d’un gradient altitudinal, ce qui a conduit à un fort taux d’endémisme. L’un des trois plus hauts sommets d’Afrique de l’Ouest, le mont Nimba (1752 m a.s.l.) appartient à l’écorégion des forêts de montagne guinéennes. Il est situé à l’écotone entre le bloc de forêts guinéen et les savanes guinéennes. La forêt de plaine s’étend jusqu’à 600 m a.s.l., remplacée par la forêt de montagne (600-1200 m a.s.l.), puis la savane édaphique d’altitude (> 1200 m a.s.l.), un biotope unique et une zone d’endémisme. Quatre missions de terrain ont été réalisées sur les versants guinéen et libérien du mont Nimba entre 2008-2013 et en 2017. Nous avons utilisé différents types de pièges non-léthaux à différentes altitudes et dans différentes zones de végétation à usages multiples allant de réserves protégées à une variété d’habitats anthropisés les entourant. Nous avons collecté 43 espèces (32 genres) de rongeurs et observé plusieurs grandes espèces terrestres et arboricoles. Les espèces ont été identifiées à l’aide d’une approche intégrative combinant morphologie, morphométrie, cytogénétique et barcoding moléculaire. La plus haute richesse spécifique est observée dans les savanes édaphiques de 500-600 m (11 et 14 espèces), suivies par les forêts de plaine et de montagne sous 1200 m d’altitude (8-12 espèces). Quelques espèces sont restreintes à la forêt de plaine comme Malacomys edwardsi Rochebrune, 1885, Dephomys sp., Typomys trivirgatus (Temminck, 1853), les autres sont retrouvées dans tous les types de végétation jusqu’à 1600 m d’altitude. Dans le site dit de la Mare d’hivernage (Guinée, 1600 m a.s.l.), nous recensons huit espèces mais aucune endémique. Dans les savanes naturelles et les environnements anthropisés, nous avons collecté Mastomys natalensis (Smith, 1834) et Mastomys erythroleucus Temminck, 1853. Au Liberia, Rattus rattus a été collecté en environnement péri-urbain en association étroite avec l’homme. En examinant les collections anciennes, nous avons confirmé la présence de plusieurs taxons qui avaient été capturés dans les années 1960 et 1970, comme les Muridés Uranomys ruddi Dollman, 1909, Oenomys ornatus Thomas, 1911, Mylomys dybowskii Pousargues, 1893, deux espèces de Nesomyidés et quelques Sciuridés, Anomaluridés et Graphiuridés. Le mauvais état de préservation de certains spécimens anciens ne nous a pas permis de confirmer la présence de trois Muridés : Arvicanthis cf. rufinus (Temminck, 1853), Praomys daltoni (Thomas, 1892) et L. macculus bellieri Van der Straeten, 1975. Nos relevés récents permettent d’ajouter six espèces nouvelles pour le mont Nimba (Mastomys natalensis, Dephomys cf. eburnea Heim de Balsac & Bellier, 1967, Dendromus lachaisei Denys & Aniskine, 2012, Mus baoulei Vermeiren & Verheyen, 1980, Malacomys cansdalei Ansell, 1958, Cricetomys gambianus Waterhouse, 1840). Cette diversité exceptionnelle met en évidence l’importance de la région des montagnes ouest-africaines comme point chaud unique de biodiversité.
Afrique de l’Ouest, petits mammifères, forêt, savane, diversité, montagne