
Comptes Rendus Palevol
24 (18) - Pages 345-362La morphologie de la couronne dentaire d’Australopithecus sediba Berger et al., 2010 n’a, jusqu’à présent, été décrite qu’au niveau de la surface extérieure de l’émail, limitant ainsi les informations morphologiques accessibles aux chercheurs, en particulier dans le cas de dents usées (comme celles de l’individu adulte MH2). L’imagerie microtomographique nous permet d’étudier les structures dentaires internes, telles que la jonction émail-dentine (EDJ) qui préserve la morphologie de caractéristiques dentaires importantes, même dans le cas d’usures dentaires modérées, et nous permet également d’évaluer les proportions des tissus de la couronne. Je présente ici la première étude des structures dentaires internes d’A. sediba. Celle-ci se base sur la description de caractères discrets de la morphologie de la jonction émail-dentine des molaires et prémolaires de la mandibule, et sur la mesure de l’épaisseur de l’émail des molaires. Ces données sont ensuite comparées aux taxons Australopithecus R.A.Dart, 1925, Paranthropus Broom, 1938 et Homo Linnaeus, 1758. L’observation de l’EDJ met en avant l’expression particulière des cuspides accessoires sur les molaires d’A. sediba ; l’absence de cuspides accessoires linguales (C7) au niveau des M1 et M2 est cohérente avec Australopithecus, et distincte des premiers Homo. Les crêtes du protostylide sont bien développées, et s’étendent mésialement au-delà du protoconide, ce qui est similaire à A. africanus. L’examen de l’EDJ des molaires révèle également une caractéristique inhabituelle : la rotation apparente de l’EDJ en vue occlusale par rapport à la surface externe de l’émail, plus nette chez la M2 de MH1, ce qui nécessitera une étude plus approfondie. Enfin, l’épaisseur de l’émail des molaires (MH1 ; M2, M3) est similaire à celle d’Australopithecus en termes absolus, mais comme les molaires de MH1 sont petites, l’émail est relativement plus épais, dans la variation de Paranthropus. L’émail relativement épais pourrait aider à se nourrir d’objets durs, comme cela a déjà été suggéré pour cette espèce.
Australopithecus sediba, Malapa, jonction émail-dentine, morphologie dentaire, épaisseur de l’émail